En lumière

Notre position – Brussels Pride 2023

publié le 19 mai 2023

Positionnement de la RainbowHouse sur l’édition 2023 de la Brussels Pride

 

A la veille de la manifestation, l’adrénaline monte et des interpellations s’additionnent autour de questions qui ne sont pas nouvelles et restent cruciales. Pour la compréhension de cet état de fait, nous apportons ici quelques lumières sur le contexte de préparation de cette édition et sur les changements opérés, en cours ou inaboutis, pour lesquels nous procéderons à une évaluation dès les jours suivant la parade.

 

Pour la Brussels Pride 2024, la RainbowHouse demande que les associations et les militant·es LGBTQIA+ soient au cœur de l’organisation et du pilotage de l’événement. La place des partis politiques et des partenaires privés doit être repensée pour que la Brussels Pride demeure avant tout un événement de protestation et de revendication alors que la Belgique ne garantit toujours pas les droits humains des personnes LGBTQIA+. 

 

L’édition 2023 de la Brussels Pride a été préparée avec une structure de gouvernance inédite. Visit.Brussels, Organisme d’Intérêt Public, a pris en charge l’organisation de l’événement pendant que les coupoles représentatives des acteur.ices LGBTQIA+ belges – RainbowHouse, çavaria, Prisme et la Brussels Rainbow Fédération (fédération d’entreprises lgbtqia+) – ont été invitées à prendre place au sein du comité de pilotage de la Pride avec Visit.Brussels. 

La Pride Week, quant à elle financée séparément de la Pride Day, a été organisée par l’association Rainbow Corporate and Pride, en collaboration avec le nouveau centre communautaire les Grands Carmes et la RainbowHouse.

 

Cette approche donnant le portage du projet à Visit.Brussels et un rôle de co-pilotage aux coupoles n’était pas ce que nous souhaitions. Nous avions mis sur la table des alternatives pour que l’organisation de la Brussels Pride reviennent aux acteur·rices bruxellois·es des communautés LGBTQIA+. Nos propositions n’ont toutefois pas été acceptées. Nous avons alors privilégié l’unité dans un contexte où les autres acteur·rices ont plaidé pour que la Brussels Pride demeure un événement fédéral et européen devant prendre en compte les sensibilités et réalités des différentes régions.

 

Ces atermoiements sur la gouvernance de l’événement ont considérablement réduit le temps disponible pour mettre en œuvre la Brussels Pride 2023 dans un cadre qui corresponde à nos attentes. Par ailleurs, nous déplorons de constater que les décisions prises par le comité de pilotage n’ont pas toujours pu  être mises en œuvre. 

 

Nous rappelons aujourd’hui que si elle est devenue aussi un événement festif de célébration de la diversité, la Brussels Pride est avant tout un événement militant. La parade/marche commémore les mouvements de révolte des personnes LGBTQIA+, conduit notamment par les personnes LGBTQIA+ racisées, qui ont connu un retentissement planétaire suite aux émeutes de Stonewall à New York en 1969. 

 

En 2023, le thème “Protect the Protest”, porté au départ par Amnesty International, vient rappeler ce pilier fondateur de toutes les prides dans le monde. Il nous semble donc doublement essentiel que les associations et les militant·es LGBTQIA+ soient au cœur de l’organisation de la Brussels Pride et des choix stratégiques de sa mise en œuvre. Ce n’était pas le cas cette année. 

 

Depuis plusieurs années, la place donnée dans la Brussels Pride aux partis politiques et aux partenaires privés interroge. La gouvernance actuelle et les contraintes de temps n’ont pas permis d’apporter une réponse satisfaisante à ces questionnements légitimes. La signature d’une charte sur le respect des droits fondamentaux ou encore la tenue d’un scan Inqlusion n’apportent plus de garanties suffisantes pour assurer que toutes les entités qui s’affichent lors de la Pride n’utilisent pas l’événement à des fins de ‘pink washing’. Nous plaidons depuis plusieurs années pour la mise en place d’un véritable “code de qualité Pride” qui permette de répondre à ces préoccupations. 

 

Si les associations de personnes LGBTQIA+ partisanes émanant d’une formation politique ont toute leur place dans l’événement, la participation des partis politiques dans la parade doit faire l’objet d’une réflexion approfondie. Cette année, nous avions demandé que la participation des partis politiques soit conditionnée à la présence d’un stand dans le village et à la tenue d’un débat médiatisé dans les jours précédant la parade. Ces exigences n’ont pas pu être mises en œuvre par l’organisation. 

 

Ces questions et préoccupations légitimes divisent notre base associative. Plusieurs collectifs ne s’y retrouvent plus. Cela se traduit notamment par des Prides alternatives et des contestations dans la parade qui permettent d’exprimer la diversité des points de vue de manière saine, pacifique et démocratique. A ce titre, nous condamnons à nouveau les violences policières ayant eu lieu à l’encontre des militant·es LGBTQIA+ en 2019 et nous appelons à ce que la Brussels Pride 2023 se déroule dans le respect des opinions exprimées, la bienveillance et la non violence.

 

Ces derniers mois, nous avons adopté un positionnement pragmatique dans le rôle qui nous avait été attribué pour cette édition. Nous avons œuvré pour assurer que la Brussels Pride et la Pride Week se tiennent dans les meilleures conditions possibles étant donné les contraintes rencontrées. Dès la semaine prochaine, nous commencerons l’évaluation de cette édition 2023 et retournerons vers notre base. 

 

Nous espérons que cette évaluation permettra de faire évoluer la structure de gouvernance de la Brussels Pride et la forme de l’événement afin de donner toute leur place aux diverses minorités, d’encore mieux articuler la dimension festive et militante et de définir la place adéquate des partis politiques et des partenaires privés au sein de l’événement. 

 

L’Organe d’Administration de la RainbowHouse

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