En lumière
IDAHOBIT – 17 Mai 2023
publié le 17 mai 2023
17 Mai, une date historique
Le 17 mai, la RainbowHouse s’associe à Prisme et à Çavaria pour célébrer la Journée Mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOBIT) dont le thème de cette année est « Together always: united in diversity ». Cette date est symbolique car le 17 mai 1990 l’OMS a retiré l’homosexualité de la liste des maladie mentales.
Plus de trente ans après, d’autres progrès historiques ont été actés, notamment la légalisation des unions entre personnes du même sexe dans de nombreux pays. Maintenant, concernant la reconnaissance de la diversité des identités de genre, le principe d’autodétermination est de plus en plus reconnu et appliqué.
Une menace mondiale pèse sur nos droits
Cependant chaque avancée est accompagnée de crispations et de retours en arrière.
La guerre menée par les gouvernements contre les personnes LGBTQIA+ dans des pays comme la Russie (invisibilisation totale) ou l’Ouganda (promulgation de la peine de mort) ne doit pas donner l’impression que tout se passe ailleurs. En effet, le recul de l’accès aux dispositifs de transition médicale ou la stigmatisation des shows drag semble trouver écho en Europe, du moins dans une partie de l’opinion publique. C’est une manne facilement exploitable par les partis populistes qui joue sur le manque d’informations et les raccourcis.
Il est dès lors inquiétant de constater que l’éducation des plus jeunes aux thématiques LGBTQIA+ puisse être questionnée et taxée de partisane alors qu’il s’agit de sensibilisation aux droits fondamentaux et aux réalités de la société. De manière générale, des informations objectives doivent pouvoir circuler librement, sans qu’elles soient considérées comme l’expression de de minorités négligeables ou comme un quelconque prosélytisme.
33 ans après le 17 mai 1990, l’heure n’est plus à la tolérance, mais à la reconnaissance totale et sans équivoque. Pour reprendre un slogan actuel : Nos identités ne font pas débat.
Des efforts à faire dans l’immédiat…
Les trois fédérations (RainbowHouse, Prisme et Çavaria) réclament la concrétisation des projets de loi en cours et demande plus de transparence quant à :
- l’interdiction des thérapies de conversion : un avant-projet de loi approuvé par le Conseil des ministres. Quelles sont les prochaines étapes ?
- l’Interdiction des mutilations sur les mineurs intersexués. La chambre a adopté une résolution pour un cadre juridique. Un projet de loi était en cours d’élaboration. Quelles sont les prochaines étapes ?
- l’adaptation de la loi Trans* aux exigences de la Cour constitutionnelle. Le Conseil d’État demande de trouver une solution pour les marqueurs de genre sur les documents d’identité qui donnent une option aux personnes qui ne se reconnaissent pas dans le spectre binaire. Quelles sont les prochaines étapes ?
Ces points sont d’ailleurs soulevés par le rapport ILGA, organisation européenne des associations LGBTQIA+. Ce classement met en avant que les droits humains fondamentaux des personnes LGBTQIAI+ ne sont toujours pas garantis à 100% en Belgique. Une situation inacceptable. Ce paradoxe montre bien que le chemin à faire est encore long.
Ce bilan mitigé est aussi celui du TGEU, dont la Trans Rights Map 2023, montre un progrès global mais une situation encore largement problématique pour les personnes transgenres. En France, le rapport annuel de SOS Homophobie pointe, outre des chiffres alarmants concernant les agressions en ligne contre les personnes LGBTQIA+, une augmentation constante des violence à l’encontre de personnes transgenres, en grande majorité les femmes trans, dans l’espace public et en particulier les commerces. Ce triste constat est cohérent avec le rapport Unia de 2021 qui montrait que l’espace public concentrait les signalements de violences liées à l’orientation sexuelle. Les chiffres d’Unia pour 2022 indiquent une tendance à l’accroissement des actes violents. Par ailleurs, tout comme SOS Homophobie, Unia s’inquiète de la multiplication des discours de haine en ligne. Le rapport 2021 de la GLAAD (Gay & Lesbian Association Against Defamation) confirme qu’aucun des grands réseaux sociaux n’est “safe” pour les personnes LGBTQIA+.
…et à long terme.
Parmi les progrès possibles, le rapport ILGA appelle à des peines plus sévères pour les crimes et violences perpétrés en raison de l’orientation sexuelle, de l’identité et l’expression de genre ou des caractéristiques sexuées. Unia milite de son côté pour que les messages de haine en ligne soient traités plus rapidement en étant jugés en correctionnel et non plus aux assises (article 150 de la Constitution). De manière générale, il faut envoyer le signal que les comportements LGBTQIA+phobes sont inacceptables et constituent des délits. Pour les faire changer, il est primordial de renforcer également la prévention par la sensibilisation.
À la RainbowHouse nous pensons en effet que l’évolution des mentalités doit passer avant tout par l’éducation du grand public ainsi que des professionnel·les (santé, asile, administration…). Nous-même, en tant qu’organisme représentant 70 associations membres, devons continuer à apprendre et à nous former, notamment en terme de prévention des violences systémiques et de discriminations croisées.
Nous voulons souligner que garantir l’accès des minorités à leurs droits humains fondamentaux renforcent ces droits pour toustes. Ce travail de longue haleine permettra de pérenniser les acquis en matière de sécurité, de bien-être et d’inclusion et ainsi de se prémunir contre les retours en arrière des droits fondamentaux.
A terme, nous réclamons par ailleurs l’inscription dans la Constitution du principe garantissant la non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle, de l’identité et de l’expression de genre et des caractéristiques sexuées
Alors que se prépare la Brussels Pride, cette journée du 17 Mai est l’occasion de rappeler même si nous avons le coeur à la célébration de nos identités, nous devons encore et toujours nous battre au quotidien pour nous-mêmes et nos adelphes que nous soyons lesbiennes, gays, bi·es, pan, trans, non-binaires, queers, intersexes, aromantiques, asexuel·les…