En lumière

14 Juillet : Journée internationale de la visibilité des personnes non-binaires

publié le 14 juillet 2023

Let’s Talk About Non-Binary Genres Pluriels

Etre non-binaire 

La non-binarité est une identité de genre à part entière. Les personnes non-binaires ne s’identifient pas aux catégories sociales d’homme ou de femme mais peuvent se reconnaitre dans une combinaison des deux, comme n’étant ni homme ni femme (neutre), comme étant de genre fluide ou encore comme  rejettant en partie ou totalement la notion de genre (agenre)

Le fait d’être non-binaire peut être considéré comme une trans-identité, car les personnes non-binaires ne se reconnaissent pas dans le genre qui leur a été assigné à la naissance. Cependant, toutes les personnes non-binaires n’ont pas un vécu social et matériel de personne trans ou ne s’identifient pas comme trans. 

Les personnes non-binaires peuvent éprouver un sentiment de malaise ou de déconnexion par rapport aux rôles et aux attentes que la société leur impose en matière de genre, et elles peuvent ressentir un profond sentiment de soulagement et d’affirmation lorsqu’elles sont en mesure d’exprimer leur genre d’une manière qui leur semble authentique. Les personnes non binaires peuvent choisir d’utiliser divers pronoms et d’exprimer leur genre de diverses manières, qui peuvent ne pas correspondre aux normes ou aux attentes traditionnelles en matière de genre.

Il existe de nombreuses façons d’exprimer ou non sa non-binarité. Il y a aussi de nombreuses façons de la ressentir et de la vivre. Les identités non-binaires sont bien plus diversifiées que ne le montrent les médias.

 

Les droits des personnes non-binaires en Belgique. 

Le mois dernier (Juin 2023) la commission de Justice de la Chambre des représentant·e·s a approuvé la réparation du texte de la loi dite “transgenre”. Cette révision fait suite à un arrêt de 2019 de la Cour Constitutionnelle estimant qu’en l’état la loi était discriminatoire envers les personnes de genre fluide et les personnes non-binaires. 

La partie concernant la fluidité de genre a largement été soutenue, à l’exception de la N-VA et du Vlaams Belang qui ont voté contre. Il est désormais possible de changer la mention du genre ainsi que le prénom autant de fois que nécessaire. Ce changement était auparavant irrévocable. Par ailleurs, la procédure devant le tribunal familial est supprimée  et la démarche facilitée. 

Une autre avancée importante est la dé-corrélation du genre et du prénom. Il est désormais possible de modifier l’un indépendamment de l’autre. Cela signifie qu’il n’est plus obligatoire de choisir un prénom qui corresponde, selon les normes, au genre enregistré. 

En outre, changer de prénom sans changer la mention de genre était considéré comme une démarche qui n’était pas une transition sociale. Les tarifs étaient laissés à la libre appréciation des communes et donc, généralement, beaucoup plus onéreux.

Le changement de prénom est pour l’instant la seule option dont disposent les personnes non-binaires pour que leur identité de genre corresponde un tant soit peu à leur état civil (en adoptant des prénoms non-genrés par exemple). En effet, la Chambre a repoussé à une date non définie la reconnaissance des identités non-binaires et ce bien que la Cour ait souligné une discrimination envers les personnes qui ne s’identifie ni comme femme ni comme homme. Si la fluidité de genre a été légalement reconnue, elle n’est possible qu’entre les deux pôles M et F. 

La reconnaissance des personnes non-binaires implique un plus grand changement sociétal, notamment une réforme de la mention des marqueurs de genre sur la carte d’identité. Alors que la suppression de ceux-ci fait consensus au sein de nombreux partis, d’institutions et de groupes militants, un blocage idéologique persiste à droite et ce bien que le règlement du Parlement Européen rend facultative la mention du genre, voire l’inclut dans les données personnelles à protéger. La Cour affirme que le maintien de catégories binaires de genre dans l’acte de naissance n’est pas « raisonnablement justifié ».

Toutefois, il faut tout de même souligner que la réparation de la loi transgenre, en reconnaissant les identités de genre fluides, visibilise d’autres manières de penser le genre, rend valides les coming-in tardifs, légitime les parcours non-linéaires et rend obsolètes de nombreux clichés sur les manières de vivre sa transidentité. Cela reste donc une grande avancée.

 

L’association membre Let’s Talk About Non Binary et l’importance d’être en collectif

Le collectif a été fondé en 2021 par et pour les personnes qui s’identifient comme non-binaires/genderfluid/genderqueer/gender non conforming indépendamment du « parapluie » sous lequel ielles s’abritent (trans*, inter, queer, …). Que vous vous reconnaissiez dans ces termes ou que vous vous interrogiez encore, vous êtes les bienvenu·e·s.

La création du collectif a été motivée par le manque de représentation des identités non binaires, y compris au sein des organisations LGBTQIA+.

L’objectif principal du collectif est d’offrir du soutien et de partager des expériences et des ressources sur les identités non-binaires, ainsi que de faciliter l’organisation d’événements tels que groupes de discussion, ateliers, rencontres, sorties, etc.

Faire partie d’une communauté nous permet d’inventer nos propres espaces sociaux, notre propre façon d’entrer en relation avec les autres, sans avoir à nous justifier. Le fait d’être vu·e·s et reconnu·e·s par d’autres personnes non binaires est libérateur et valorisant.

 

A l’occasion de la journée de la visibilité non-binaire, Let’s Talk About Non-Binary partage ces revendications.

  1. Je suis non-binaire et je réclame la suppression des marqueurs de genre sur la carte d’identité, ainsi que dans les formulaires ou autres supports d’identification. En l’état, ils peuvent servir à discréditer mon identité de genre, mon droit à l’autodétermination et peuvent compromettre ma sécurité.
  2. Je suis non-binaire et je réclame que les informations concernant le sexe assigné à la naissance soient restreintes au dossier médical.
  3. Je suis non-binaire et j’ai besoin que l’on arrête de supposer mon identité de genre, peu importe la manière dont je l’exprime.
  4. Je suis non-binaire et j’ai besoin que mon éducation et l’enseignement qui m’est dispensé ne soient pas fonction de mon sexe assigné à la naissance. 
  5. Je suis non-binaire et j’ai besoin que mon rejet des normes binaires ne soit pas utilisé contre moi, pour me discréditer, me refuser l’accès à la parole, à un travail, à un logement, à la santé psychologique et physique et ainsi me précariser.