En lumière
Communiqué de presse : Journée Mondiale du Don de Sang
publié le 14 juin 2023
En cette journée mondiale du don de sang, nous constatons qu’une partie de la population belge se trouve toujours dans l’impossibilité de donner son sang. En Belgique, les hommes gays et bisexuels (HSH) sont toujours exclus, sans aucune distinction. Ce que nous soulevons à nouveau aujourd’hui, c’est un problème de justice sociale ayant sur la santé publique des conséquences non-négligeables.
À l’heure actuelle, la Belgique n’a toujours pas aboli le critère d’exclusion du don de sang des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Bien qu’ayant écourté le délai d’abstinence sexuelle exigé de 12 mois à 4 mois (à partir du 1er juillet prochain), et ouvert le don de plasma depuis le printemps 2022, notre pays accuse toujours un retard conséquent sur de nombreux autres pays européens ayant déjà aboli ce critère d’exclusion généralisé, et opté pour une évaluation individuelle du risque.
Par ailleurs, cette exclusion arbitraire se trouve largement invalidée par la recherche scientifique et les statistiques. En effet, si l’on passait à une analyse individuelle du risque, on admettrait une grande majorité des HSH au don de sang, selon une recherche américaine récente (1). Ainsi, l’égalité sociale des êtres humains quelle que soit leur orientation sexuelle ne serait plus un frein à l’enjeu de santé publique représenté par le don de sang. Nous rappelons que la norme en matière de don de sang dans notre pays est de recourir à une analyse individuelle des comportements à risque avant de permettre le don de sang. Ainsi, une personne ayant pris des risques se trouve temporairement écartée de la possibilité de donner son sang pendant une période de trois mois. Nous soutenons qu’il n’y a pas de raison scientifique à la non-application de ce principe à toute la population sans égard à l’orientation sexuelle.
Aujourd’hui, nous attendons de nos représentant·e·s politiques une prise de conscience de l’urgence à mettre fin à ce qui désormais doit être qualifié de discrimination injustifiée.
Nous attendons également une prise de conscience de la Croix-Rouge, principal centre de transfusion en Belgique, du caractère injuste et obsolète de son opposition à toute évolution de la politique de sécurité du don, en dépit des travaux menés par le Conseil Supérieur de la Santé(2) , des évolutions dans les pays voisins et de la faiblesse des stocks.
Enfin, tout cela devra impérativement s’accompagner d’un travail de formation continue des différents secteurs de santé aux questions médicales relatives à la sexualité et la santé sexuelle ainsi que d’un travail d’information et de sensibilisation de la société civile.
1. Etude ADVANCE: https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2023.04.08.23288320v1.full-text