En lumière

Carte blanche – Violences homophobes – Pour un point de contact unique !

publié le 16 avril 2025

Ex Aequo O’Yes UTOPIA_BXL Belgium Bear Pride Entre Gays Belgique Rainbow Friends Aide Info Sida Brussels Gay Sports Liminal Communauté du Christ Libérateur Genres Pluriels Merhaba UTSOPI

Procès des auteurs présumés des guet-apens homophobes : Ex Aequo alerte sur la persistance des violences homophobes et l’urgence d’un soutien renforcé aux victimes

Le 16 avril prochain s’ouvrira à Bruxelles le procès de plusieurs auteurs présumés d’agressions homophobes. À cette occasion, Ex Aequo tient à rappeler que les personnes LGBTQIA+ en Belgique continuent de faire face, trop souvent, à des actes de haine, de violence et de discriminations motivés par leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.

Ces agressions ne sont pas des faits isolés. Elles s’inscrivent dans une réalité plus large et inquiétante : celle d’une banalisation de la haine anti-LGBTQIA+ et d’un climat qui, malgré les avancées législatives, reste marqué par la peur et l’insécurité pour de nombreuses personnes. Au quotidien, dans l’espace public, dans les écoles, au travail, dans leur quartier ou dans leur propre famille, les personnes LGBTQIA+ sont encore trop souvent la cible de regards méprisants, de propos blessants, d’intimidations ou de violences physiques.

Il est vrai que des campagnes contre l’homophobie voient le jour. Pourtant, il reste profondément décourageant – et alarmant – de constater, par exemple, que certains pouvoirs publics persistent à refuser de manifester publiquement leur soutien aux communautés LGBTQIA+. Ce fut encore le cas le 17 mai 2024, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les LGBTQIA+phobies, un moment hautement symbolique où les communes wallonnes sont invitées à hisser le drapeau arc-en-ciel. Ce refus, loin d’être anodin, envoie un signal d’exclusion et alimente insidieusement les discriminations que nous combattons.

Des agressions ciblées, préméditées et dramatiques

L’été dernier à Bruxelles, une série de guet-apens homophobes a profondément choqué la communauté LGBTQIA+. Des agresseurs ont utilisé l’application de rencontres Grindr pour piéger leurs victimes en leur donnant de faux rendez-vous, dans le seul but de les humilier, de les dépouiller, ou de les frapper. L’une de ces agressions, survenue en août 2024, a eu des conséquences tragiques : le père d’une victime, venu porter secours à son fils attaqué, a succombé à ses blessures.

Ces actes de violence préméditée révèlent une volonté claire de cibler les personnes LGBTQIA+ parce qu’elles sont perçues comme vulnérables et isolées. Le choc et la peur que ces événements ont provoqués continuent de se faire ressentir dans notre communauté.

Un manque criant de soutien aux victimes

Si les plaintes se multiplient, les moyens mis en place pour accompagner les victimes, les informer de leurs droits et leur offrir un réel soutien psychologique, juridique et social restent dramatiquement insuffisants. Trop de victimes se retrouvent seules, confrontées à une police peu formée, à des délais d’attente interminables pour obtenir un suivi psychologique, ou à une méconnaissance de leurs droits.

« Le cadre législatif anti-discriminatoire ne suffit pas à sécuriser les membres de la communauté LGBTQIA+ : le sentiment d’un accueil de la police qui pourrait minimiser l’importance des actes, l’impression que les lois qui nous protègent restent d’application difficile, que les agresseurs physiques ou verbaux ne seront pas inquiétés… tout cela reste largement répandu dans la communauté », indique Pablo Sanz Moreno, président de l’ASBL Ex Aequo, Partenaire Santé des hommes qui aiment les hommes.

Il poursuit : « Les victimes de violences LGBTQIA+phobes restent largement désemparées pour faire face : vers qui se tourner pour dénoncer et être entendu ? À quels avocats ou services juridiques faire appel ? Il nous faut adapter les dispositifs d’aide aux victimes existants pour que les personnes LGBTQIA+ y trouvent l’aide dont elles ont besoin, et les faire coopérer pour qu’un dispositif d’aide soit facilement identifié par la communauté LGBTQIA+. »

Un taux de dépôt de plainte très faible et une urgence de coordination

Une étude menée en 2023 par l’Agence européenne des droits fondamentaux alerte : seulement 14 % des personnes victimes de violences homophobes portent plainte. Ce chiffre révèle une peur bien réelle d’aller vers la police, nourrie par des expériences négatives, un manque de confiance dans l’accueil réservé, et des failles dans la prise en charge judiciaire.

Ex Aequo plaide pour la mise en place d’un point de contact unique pour le signalement et l’accompagnement des personnes victimes de discriminations, de harcèlement ou de violences LGBTQIA+phobes, en lien direct avec les autorités compétentes (police, justice, Unia, IEFH). Ce modèle permettrait d’éviter que les victimes ne doivent répéter leur récit à plusieurs interlocuteur·rices – une expérience souvent traumatisante.

Une solution concrète serait d’élargir les compétences des Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS). Ces centres proposent déjà un suivi centralisé et professionnel : la victime raconte son histoire une seule fois à une équipe spécialisée, qui se charge ensuite du reste du parcours (soins, justice, accompagnement). Il serait pertinent que ces centres prennent également en charge les cas de discriminations et de violences LGBTQIA+phobes.

Ex Aequo appelle à une réaction politique à la hauteur de l’urgence

Nous demandons aux autorités belges – tant au niveau fédéral que régional et provincial – de prendre la pleine mesure de cette situation alarmante. Il est impératif de :

  • Renforcer les moyens alloués aux associations de soutien aux victimes LGBTQIA+ ;
  • Développer des dispositifs d’accueil sûrs, inclusifs et accessibles sur l’ensemble du territoire (à l’image des CPVS) ;
  • Former systématiquement les professionnel·les de première ligne (police, justice, santé, services sociaux) à l’accueil des victimes de violences homophobes et transphobes ;
  • Mettre en place des campagnes d’éducation et de sensibilisation continues contre les LGBTQIA+phobies ;

Un devoir de justice, mais aussi de mémoire et de vigilance

Ce procès du 16 avril représente un moment important pour rendre justice aux victimes. Mais il doit également être l’occasion de rappeler que derrière chaque affaire jugée, il y a une réalité silencieuse bien plus vaste : celle des victimes qui ne parlent pas, qui n’osent pas porter plainte, ou qui restent invisibles faute de relais ou de soutien.

Ex Aequo appelle à une mobilisation collective : des pouvoirs publics, du monde associatif, des citoyen·nes et des médias, pour que ces violences cessent d’être tolérées, minimisées ou ignorées. Les personnes LGBTQIA+ ont droit à la sécurité, à la dignité et à la justice. Il est temps d’agir.

Cette carte blanche est co-signée par Ex Aequo et les organisations suivantes :

RainbowHouse Brussels, Prisme, çavaria, Utsopi, O’yes, Les Grands Carmes, Utopia, Trainbow Belgium, Belgium Bearpride, Entre Gays Belgique, Rainbowfriends Belgium, Refuge Bruxelles, Aide Info Sida, BGS (Bruxelles Gay Sports), Liminal, la Communauté du Christ Libérateur, Genres Pluriels, Merhaba.

En lien

Santé et bien-être